Compte-rendu du CTMEN du 28 juin, en présence du ministre P. Ndiaye
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Déclaration de la FNEC FP-FO
Monsieur le ministre, Mesdames et Messieurs les membres du CTM,
Monsieur le ministre, vous avez donné dans la presse ce week-end une interview qui amène plusieurs réflexions et questionnements de notre part. Cela s’inscrit de la continuité des revendications que nous vous avons portées lors de notre dernière audience.
1. Défense du cadre national de l’École
Vous annoncez des « concertations à l’échelle des écoles pour construire des projets pédagogiques si possible innovants (…) dans la foulée de ce qui se fait à Marseille actuellement dans l’expérimentation menée au sein de 59 écoles ». L’objectif de ces concertations est ainsi dévoilé :
« voir comment on pourra passer de quelques écoles marseillaises à tout le pays » en précisant qu’« il s’agit de donner des possibilités aux équipes pédagogiques, qu’elles n’ont pas pour l’instant, comme le recrutement de postes à exigences particulière ».
Monsieur le ministre, ce cadre territorialisé et déréglementé, attentatoire au Statut des personnels, c’est précisément ce contre quoi des centaines d’écoles de Marseille se sont dressées avec l’aide de la FNEC FP-FO. Les personnels rejettent ce cadre territorialisé que vous voulez généraliser, tout comme ils rejettent les évaluations d’École associant élus, parents, associations, élèves…
Les personnels n’ont pas besoin de débattre école par école, établissement par établissement, service par service, du rôle de l’École, de leurs missions, de leurs statuts. Ils ne veulent pas d’une école territorialisée, bornée par l’horizon du quartier.
La FNEC FP-FO exige l’abandon de l’expérimentation marseillaise. Elle demande également l’abandon des évaluations d’écoles et d’établissements et vous demande de confirmer qu’elles n’ont aucun caractère obligatoire, ne figurant pas dans les obligations de service des personnels.
2. Postes-concours
Face à l’effondrement du nombre de candidats aux concours et la rentrée catastrophique que vous préparez, la FNEC FP-FO réaffirme qu’il est urgent d’organiser des concours exceptionnels partout où c’est nécessaire, avec recrutement au niveau licence. Nous vous l’avons demandé lors de notre audience. Comment faire par exemple en Ile-de-France où il manquera plus de 2 000 postes de professeurs des écoles ? Les postes doivent être pourvus par des personnels sous statut dès maintenant et à hauteur des besoins. Les lauréats sur listes complémentaires doivent être recrutés pour faire face aux besoins, au manque de remplacement. La généralisation de la contractualisation qui remet en cause le Statut et qui montre toute ses limites en termes de recrutement ne peut être la solution. La FNEC FP-FO revendique l’abrogation de la masterisation et de la réforme du concours du ministre Blanquer.
De plus, les pistes que vous évoquez dans l’interview vont encore plus loin. Ainsi selon vous, faute de remplacement qu’il revient à l’État d’assurer, pression serait exercée sur le collègue présent pour qu’il remplace en heures supplémentaires le collègue absent, pression serait faite au collègue absent pour qu’il rattrape les heures perdues à son retour ! Ajoutons à ça les formations en dehors du temps de service… C’est la mise en place de l’annualisation du temps de travail. C’est aussi la remise en cause du droit aux congés maladie.
La FNEC FP-FO vous demande de revenir sur vos propos et de répondre à nos revendications.
Dans les rectorats, les DSDEN comme dans les EPLE, les personnels administratifs sont au bord du burnout collectif tant les charges de travail sont démentielles en raison du manque de postes. Que répondez-vous à l’inquiétude de ces collègues suite aux annonces formulées à l’issue du Conseil des ministres du 14 juin : avec quels moyens les personnels vont pouvoir mettre en place les « cellules de rentrée » ?
3. Salaires
Vous indiquez vouloir « passer le salaire des jeunes au-dessus des 2000 € net ». Cela amène plusieurs questions : Et les autres ? Doit-on s’attendre à un plafonnement du salaire pendant les 15 premières années d’exercice ? Cette réévaluation se fera-t-elle sous forme de prime ? De complément indiciaire ? D’attribution de points uniformes sur la grille ?
Vous ajoutez « nous mettrons en place une part salariale conditionnée à des tâches nouvelles ». Lesquelles ? Là encore, les personnels font leur maximum dans des conditions de travail le plus souvent dégradées. Et il faudrait leur en demander toujours plus pour obtenir les revalorisations qu’ils méritent ?
La FNEC FP-FO, avec sa fédération de fonctionnaires la FGF-FO, porte la revendication d’augmentation de 25 % du point d’indice pour tous en rattrapage du pouvoir d’achat perdu en 20 ans, sans contreparties, d’amélioration conséquente de la grille indiciaire, la revalorisation des barèmes et indemnités en matière de logement, de remboursement des repas, nuitées et kilomètres, la généralisation des mesures du Ségur à tous les agents de la Fonction publique exerçant des missions de santé, sociales et médico-sociales, la réintégration des agents non vaccinés.
4. Parcoursup, réforme du lycée, Baccalauréat : « tout sera maintenu… »
Ces affirmations ne sont pas acceptables, alors que ces réformes ont fait la preuve de leur nocivité, comme en témoigne le rétropédalage, parfaitement insuffisant, sur les mathématiques. La FNEC FP- FO réaffirme l’intégralité de ses revendications, portées en commun avec la majorité des organisations syndicales : abrogation de Parcoursup et de la réforme du lycée, rétablissement d’un baccalauréat examen terminal, ponctuel et anonyme, garant de l’égalité des droits.
5. AESH
Vous annoncez vouloir « de véritables carrières d’AESH » avec une « stabilisation avec un volume d’heures suffisant et une rémunération associée ». La FNEC FP-FO rappelle que des dizaines de milliers d’AESH sont toujours sous le seuil de pauvreté ce qui est parfaitement scandaleux. Pour la FNEC FP-FO le « volume d’heures suffisant », c’est 24 heures pour un temps plein avec un vrai salaire et un vrai statut. Ces revendications concernent également les personnels AED.
6.Éducation prioritaire
Suite à la réforme de 2015, il était prévu de refaire le point et dessiner une nouvelle cartographie en 2019. C’est cette même réforme notamment qui excluait de fait tous les lycées, notamment ceux de la voie professionnelle qui étaient majoritaires dans l’ancien dispositif ECLAIR. Cette réforme a également « délabellisé » d’anciens établissements RSS ou ECLAIR, entraînant une perte de moyens dans les écoles, collèges et lycées ainsi qu’une perte nette pour les personnels dans le déroulement de leur carrière et rémunération. Nous demandons l’ouverture de négociation sur la carte de l’Éducation prioritaire, pour que de nouvelles écoles, de nouveaux collèges, de nouveaux lycées puissent être labellisés.
7.Laïcité
La loi « séparatisme » continue sa stigmatisation d’une partie de la population. La FNEC FP-FO rappelle que la laïcité n’est pas une valeur à débattre : c’est un principe qui doit s’appliquer, à commencer par garantir que tous les fonds publics aillent à la seule École publique. Cela consiste également à garantir la neutralité de l’enseignement, basé sur des savoirs et non sur des doctrines politiques.
La FNEC FP-FO vous demande, Monsieur le ministre, d’entendre ces revendications urgentes. Il n’est nul besoin de concertations locales associant élus, personnels et associations, pour y répondre. Lors de l’audience que vous nous avez accordée, vous avez indiqué que vous vous déplacerez dans tous les départements, y compris dans les DROM-COM. Nous vous demandons de recevoir toutes les délégations syndicales qui le demandent.