Le pré­­sident-can­­di­­dat entend dyna­mi­ter les sta­tuts et l’École publique !

21 Mar, 2022Défense du sta­tut, Twit­ter

Macron a pré­sen­té son pro­jet de pri­va­ti­sa­tion et de des­truc­tion de l’enseignement public, vou­lant rem­pla­cer les fonc­tion­naires par des contrac­tuels, et ren­for­çant l’autonomie locale des écoles et des établissements.

Macron veut géné­ra­li­ser l’expérimentation marseillaise

Dans la droite ligne de la loi Ril­hac qui fait du direc­teur d’école un supé­rieur hié­rar­chique, Macron sou­haite que les direc­teurs aient la pos­si­bi­li­té de choi­sir leur équipe et de « récu­ser des profils. »

Les ensei­gnants seraient donc recru­tés loca­le­ment sur la base de « pro­jets édu­ca­tifs » spé­ci­fiques en fonc­tion des groupes de pres­sion divers pré­sents dans les quar­tiers, et au détri­ment de l’égalité des droits des élèves à une même ins­truc­tion garan­tie par des per­son­nels pro­té­gés par leur Sta­tut de fonc­tion­naire d’État. « On a des leviers, des cré­dits et on donne la liber­té aux acteurs locaux. Nos élus y joue­ront un rôle », ajoute le président-candidat.

Il s’agit bien de géné­ra­li­ser, comme annon­cé, les écoles-labo­ra­toires mar­seillaises, et d’aggraver toutes les mesures de ter­ri­to­ria­li­sa­tion prises par les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs, et contre les­quelles les per­son­nels résistent tou­jours et qui se tra­duisent tou­jours par des sup­pres­sions de classes et de postes.

La mobi­li­sa­tion his­to­rique du 13 jan­vier a expri­mé un puis­sant mou­ve­ment de colère des per­son­nels de toutes caté­go­ries contre le chaos orga­ni­sé par le gou­ver­ne­ment Macron-Blan­quer. Les gré­vistes, lar­ge­ment sou­te­nus par les parents, ont oppo­sé leurs reven­di­ca­tions urgentes : pour des créa­tions mas­sives de postes sta­tu­taires, l’augmentation signi­fi­ca­tive de tous les salaires, le res­pect des mis­sions, l’arrêt du fli­cage per­ma­nent par les éva­lua­tions et les for­ma­tions impo­sées, le réta­blis­se­ment d’un bac­ca­lau­réat natio­nal,… Et que pro­pose Macron ?

Macron pro­pose d’en finir avec les sta­tuts, pour géné­ra­li­ser le salaire « au mérite »

S’il est réélu, Macron pro­po­se­ra des contrats aux ensei­gnants avec une rému­né­ra­tion au mérite, sous la sur­veillance des parents qui auront les éva­lua­tions de chaque classe. « On vous demande de nou­velles mis­sions qu’on est prêts à mieux payer comme le rem­pla­ce­ment des profs absents, ça doit être une obli­ga­tion, le sui­vi indi­vi­dua­li­sé des élèves, l’ac­com­pa­gne­ment sur le temps périscolaire. »

« Toutes les nou­velles embauches sont sur la base de ces nou­veaux contrats. » Alors que les per­son­nels ont per­du plus de 20% de leur pou­voir d’achat, et que le point d’indice a été gelé pen­dant toute la durée du quin­quen­nat, Macron condi­tionne l’augmentation des rému­né­ra­tions à des tâches sup­plé­men­taires sous la férule des élus locaux.

La casse du sta­tut, c’est la pri­va­ti­sa­tion de l’École

Pour mettre l’École au ser­vice de l’économie, et offrir le sort de cen­taines de mil­liers de jeunes aux besoins immé­diats du patro­nat local, « on va pla­ni­fier les besoins de com­pé­tences en les ter­ri­to­ria­li­sant et faire évo­luer l’offre de for­ma­tion », explique-t-il. Les lycées pro­fes­sion­nels seraient par exemple davan­tage ouverts à l’ap­pren­tis­sage et aux entreprises.

Macron veut éga­le­ment géné­ra­li­ser le SNU, reje­té par de nom­breuses orga­ni­sa­tions dont la FNEC FP- FO. Dans le même temps, il veut aug­men­ter le bud­get mili­taire pour le por­ter de 40 mil­liards à 50 mil­liards d’euros par an. Il fait le choix de l’enrôlement plu­tôt que de l’instruction, de l’encadrement mili­taire plu­tôt que de l’enseignement.

Avant, pen­dant et après les élec­tions : pas de trêve pour les revendications !

La FNEC FP-FO n’a pas atten­du pour sou­te­nir les per­son­nels qui ont signé un appel indi­quant leur refus de mettre en place l’expérimentation Macron à Mar­seille. La FNEC FP-FO est et sera aux côtés des per­son­nels de tous les ser­vices, éta­blis­se­ments, écoles, qu’elles soient « labo­ra­toires » ou non, qui conti­nuent de se mobi­li­ser pour défendre l’École publique.

La FNEC FP-FO reven­dique plus que jamais :

  • Le recru­te­ment immé­diat de per­son­nels sous sta­tut à hau­teur des besoins !
  • Aucune fer­me­ture de classes ou de postes à la ren­trée ! Créa­tion de tous les postes nécessaires !
  • Aug­men­ta­tion de 22% de la valeur du point d’indice !
  • Aug­men­ta­tion immé­diate indi­ciaire de 183€ net par mois pour les per­son­nels de l’Éducation natio­nale, comme l’ont obte­nu les hospitaliers !
  • Retrait de toutes les mesures de mana­ge­ment (Gre­nelle-PPCR, éva­lua­tions d’écoles, for­ma­tions- formatages,…) !
  • Réta­blis­se­ment du cadre natio­nal de l’École, à com­men­cer par le Baccalauréat !

Extrait de l’appel des écoles mar­seillaises à boy­cot­ter l’expérimentation Blanquer-Macron

« Nous refu­sons d’entrer dans l’expérimentation pro­po­sée par Emma­nuel Macron le 2 sep­tembre der­nier à rai­son que nous consi­dé­rons qu’elle orga­nise de fait la casse de l’École publique répu­bli­caine. (…) Il est incon­ce­vable pour nous d’accepter que les direc­teurs puissent choi­sir les équipes péda­go­giques. (…) Cela inféo­de­rait tout au long de leur car­rière les ensei­gnants à des entre­tiens d’embauche, contri­buant à les muse­ler pour res­ter « recru­tables » à leur pro­chaine muta­tion. Cela don­ne­rait un pou­voir énorme au direc­teur, supé­rieur hié­rar­chique de fait et subor­don­ne­rait par voie de consé­quence les adjoints. 

C’est enfin évi­dem­ment un pas impor­tant vers la pri­va­ti­sa­tion de l’Éducation natio­nale et vers la casse du sta­tut de fonc­tion­naire. Il est enfin incon­ce­vable pour nous d’accepter l’explosion du cadre de l’École répu­bli­caine. Pour finir, le chan­tage « moyens sup­plé­men­taires » contre « déré­gle­men­ta­tion de l’École et casse du sta­tut » nous parait odieux ! Puisque vous iden­ti­fiez les enjeux de la liber­té péda­go­gique, de la néces­si­té de moyens sup­plé­men­taires pour accueillir les élèves allo­phones ou celle de l’aide à la direc­tion d’école, choses que nous récla­mons depuis si long­temps, don­nez-nous ces moyens nous sommes preneurs.

Nous y ajou­te­rons des RASED com­plets, des AESH en nombres suf­fi­sants, des secré­taires de direc­tion, des infir­mières sco­laires, les moyens de nos pro­jets péda­go­giques… et ici à Mar­seille des ATSEM en nombres suf­fi­sants. Et si vos constats et votre volon­té sont réels, alors don­nez-les mais à tous et sans cas­ser le ser­vice public ! (…) »

Ils ont raison !

Mon­treuil, le 21 mars 2022

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