Sélec­tion à l’Université : Pré­pa­rons le rap­port de force pour mettre en échec l’offensive du gou­ver­ne­ment contre le baccalauréat

6 Nov, 2017Non clas­sé

Le 30 octobre, en pré­sence du Pre­mier ministre et de Jean-Michel Blan­quer, la ministre de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche a pré­sen­té les mesures concer­nant les nou­velles condi­tions d’accès en licence. Plu­tôt que de créer les postes néces­saires pour répondre à l’augmentation du nombre d’étudiants, la ministre orga­nise la sélec­tion à l’entrée à l’université et liquide de fait le bac­ca­lau­réat comme pre­mier grade uni­ver­si­taire. Le futur APB fera des « pro­po­si­tions per­son­na­li­sées », afin d’opérer un tri selon le « pro­fil du lycéen ». En démul­ti­pliant les par­cours indi­vi­dua­li­sés, le gou­ver­ne­ment s’apprête à dyna­mi­ter le cadre natio­nal des pro­grammes et des diplômes. Dans le droit fil des ordon­nances qui sup­priment le Code du tra­vail comme cadre natio­nal appli­cable à tous les sala­riés, il s’attaque aux diplômes natio­naux et remet en cause la pos­si­bi­li­té pour les jeunes d’accéder à une qualification.

La fin du droit aux études supé­rieures pour tous : « Si pour des rai­sons de capa­ci­tés d’accueil, l’université ne peut admettre tous les can­di­dats, la prio­ri­té sera don­née à ceux dont le par­cours, la moti­va­tion et le pro­jet sont les plus cohé­rents avec la for­ma­tion choi­sie » indique le dos­sier de presse. Cela revient dans les faits à remettre en cause le bac­ca­lau­réat comme pre­mier grade uni­ver­si­taire et le droit qui en découle pour chaque bache­lier de suivre les études supé­rieures de son choix.

Une sélec­tion sur dos­sier : Les « pré­re­quis », appe­lés désor­mais « atten­dus », pren­dront en compte les résul­tats au contrôle conti­nu de la 1ère et de la Ter­mi­nale, mais « ils repo­se­ront aus­si lar­ge­ment sur la moti­va­tion ». Cer­taines for­ma­tions pour­ront par exemple deman­der une lettre de moti­va­tion, la pré­sen­ta­tion d’un pro­jet per­son­nel ou asso­cia­tif, ou encore de suivre des Mooc…

Une licence à plu­sieurs vitesses : Chaque uni­ver­si­té pour­ra condi­tion­ner l’inscription en licence à l’acceptation d’un dis­po­si­tif par­ti­cu­lier tel que le ral­lon­ge­ment du cur­sus uni­ver­si­taire, l’inscription dans un par­cours spé­ci­fique, une année de remise à niveau, etc. : la réforme ouvre ain­si la voie à des cur­sus uni­ver­si­taires à plu­sieurs vitesses, avec la mise en place de la licence en 4 ans.

Les pro­fes­seurs de lycée, acteurs de la sélec­tion : Cette réforme va per­cu­ter dès cette année à la fois l’organisation des ensei­gne­ments en lycée, mais éga­le­ment les mis­sions et les sta­tuts des ensei­gnants du secon­daire. Dès le mois de décembre, les éta­blis­se­ments devront nom­mer un second pro­fes­seur prin­ci­pal dans chaque classe de ter­mi­nale. Leurs élèves auront deux semaines consa­crées à l’orientation. Le conseil de classe exa­mi­ne­ra les vœux du lycéen et par­ti­ci­pe­ra à un avis for­mu­lé par le chef d’établissement. Il s’agit de faire des ensei­gnants en lycée des acteurs de la sélec­tion, en alour­dis­sant leur charge de tra­vail, notam­ment celle des pro­fes­seurs prin­ci­paux. Dans un contexte où le gou­ver­ne­ment ferme les Centres d’Information et d’Orientation, où les mis­sions des Conseillers d’Orientation Psy­cho­logues sont remises en cause, nul doute que le ministre cher­che­ra à s’appuyer sur la nou­velle éva­lua­tion des ensei­gnants, qui juge leur capa­ci­té à « accom­pa­gner les élèves dans leur par­cours de for­ma­tion ». Par ailleurs, le plan pré­voit un dis­po­si­tif « étu­diant ambas­sa­deur » : des volon­taires en ser­vice civique envoyés sans for­ma­tion dans les CIO et les lycées pour « aider à l’orientation des lycéens »…

Le bac­ca­lau­réat ne serait plus qu’un simple cer­ti­fi­cat de sco­la­ri­té. Ces chan­ge­ments qui affectent la classe de ter­mi­nale « seront cohé­rents avec les autres réformes, notam­ment celle du bac­ca­lau­réat », affirme Jean-Michel Blan­quer. Ces chan­ge­ments conduisent tout droit à la dis­pa­ri­tion du Bac. C’est d’ailleurs ce que pré­pare le ministre qui a fait connaître son inten­tion d’introduire une part impor­tante de contrôle conti­nu pour l’obtention du diplôme. Ce serait la fin du bac­ca­lau­réat comme diplôme natio­nal, repo­sant sur des épreuves natio­nales, ter­mi­nales, ponc­tuelles et ano­nymes. Le ministre s’est aus­si pro­non­cé pour la mutua­li­sa­tion des moyens des lycées et de l’université, dans le cadre du conti­nuum bac‑3/bac+3. Avec en pers­pec­tive, la remise en ques­tion des garan­ties sta­tu­taires atta­chées aux dif­fé­rents corps.

Une com­mis­sion d’accès au supé­rieur dans le cadre des régions sera ins­tal­lée dans chaque région aca­dé­mique et pré­si­dée par le rec­teur. Elle ras­sem­ble­ra des « chefs et res­pon­sables d’établissements du secon­daire et du supé­rieur, ain­si que des repré­sen­tants des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales ». Elle pour­ra impo­ser une filière aux bache­liers qui n’obtiennent pas de pro­po­si­tion satis­fai­sante lors de la pro­cé­dure d’affectation. Mais cette com­mis­sion aura aus­si pour objec­tif de redé­fi­nir la carte des for­ma­tions supé­rieures selon « les besoins socio-éco­no­miques du ter­ri­toire ». La pres­sion des entre­prises locales ne va pas man­quer de s’exercer sur le conte­nu des for­ma­tions, mena­çant le cadre natio­nal républicain.

Contre ces pro­jets qui mar­que­raient un véri­table bas­cu­le­ment, la FNEC FP-FO se féli­cite de la décla­ra­tion com­mune FO, FSU, CGT, SUD, UNEF, UNL qui exige notam­ment le main­tien du bac­ca­lau­réat comme pre­mier grade uni­ver­si­taire et le refus de la sélec­tion à l’entrée à l’université. Cet appel com­mun est un point d’appui majeur pour pré­pa­rer les mobi­li­sa­tions en défense des diplômes natio­naux et des qualifications.

Natio­na­le­ment, FO, la CGT, Soli­daires, la FSU, l’UNEF, l’UNL et la FIDL ont déci­dé de faire du 16 novembre une jour­née de mobi­li­sa­tion inter­pro­fes­sion­nelle, étu­diante et lycéenne, par des grèves et des mani­fes­ta­tions. Il s’agit de s’opposer par l’action com­mune aux mesures de régres­sion sociale déci­dées par le gou­ver­ne­ment, notam­ment les ordon­nances et « l’instauration d’une sélec­tion à l’entrée de l’enseignement supérieur ».

La FNEC FP-FO appelle les per­son­nels de toutes caté­go­ries à se réunir en assem­blée pour pré­pa­rer et déci­der la grève et les mani­fes­ta­tions le 16 novembre.

Mon­treuil, le 1er novembre

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